Sémiologie du Paon pour le branding de la pâtisserie PAVONE

Une histoire particulière

Le paon bleu est une espèce d’oiseaux galliformes de la famille des Phasianidés. Pavo est un mot latin désignant l’oiseau. Il dériverait d’une racine pa ou pas propre aux animaux ou objets larges, ici référence à sa traîne quand il fait la roue ( on pense ici à pavot, une fleur à larges pétales ). Mais, le nom sous lequel il est connu dans sa région d’origine, l’Inde, est tôkhaï. Il apparait en Palestine du temps de Salomon, qui le désire comme oiseau d’apparat pour son palais. Pavaner, quant à lui, est un terme qui fait directement référence au paon, a comme origine la « pavane », une danse lente et majestueuse créée à Padoue. Le nom cristatus provient du latin et veut dire crêté, « qui porte une crête » : cela fait évidemment référence à la huppe que portent mâle et femelle sur la tête.
Le paon bleu est le plus connu et porte un plumage en forme de traîne d’unbleu profond, constellé de tâches orangées et noires. Il peut atteindre jusqu’à 2 mètres de long. C’est lors de la parade nuptiale que le mâle déploie cette traîne en
poussant un cri rauque. Ou alors lorsqu’il se trouve en présence d’un autre mâle. Commençons, si vous le voulez bien, en nous intéressant à la mythologie de son ère d’origine, l’Inde. Dans cette contrée lointaine le paon a toujours suscité la vénération. Et pour cause : il est la monture de la femme, Parvati, du plus puissant des dieux : Shiva. Mais il est aussi chevauché par Skanda, leur fils. Une histoire de famille divine en somme.Paon faisant la roue – Média LAROUSSE

Parvati est couronnée d’une de ses ocelles dans l’iconographie. On connait également une légende narrant la façon dont le paon s’est vu attribuer ses couleurs.
« Un beau jour, un paon vit courir Indra qui semblait en proie à une vive panique et le paon lui en demanda la raison. Indra répondit qu’il était traqué par Ravana, le redoutable démon-roi de la cité d’or de l’ile Lanka. Aussitôt le paon prit le parti du roi des dieux et eut l’idée de déployer le large éventail de sa queue, dissimulant Indra. Ravana ne remarqua rien et poursuivi sa route. Afin de remercier son sauveur Indra remplaça ses plumes ternes par d’autres, irisées de splendides couleurs métalliques aux reflets changeants selon la lumière. » 
En effet, avant cette légende parait-il, les paons étaient de couleur terne, sans ornements. Skanda, lui, possède une mythologie très liée aux oiseaux globalement, en témoigne cet autre récit mythologique hindou : « Alors qu’il avait été nommé chef des armées par les dieux, Skanda dut affronter Taraka, personnage peu recommandable. Ce géant, tirant avantage de ce que Shiva avait des problèmes à régler, adopta une conduite condamnable qui mettait en péril l’harmonie du monde. C’est pour cela que Skanda le provoqua en duel. À l’issue de ce combat épique, le fils de Shiva abattit son épée sur son adversaire, le coupant en deux parties égales. Un moitié du corps mutilée se transforma en un paon tandis que l’autre devint un coq, oiseau belliqueux par essence et convenant parfaitement au dieu de la guerre. Le premier devint la monture du dieu, le second son enseigne » Mais, comment expliquer cette formidable popularité auprès des dieux que possède le paon? D’une façon assez pragmatique, il est probable qu’il soit associé aux dieux car il symbolise la mise à mort d’une menace aussi réelle que symbolique : les serpents. Et oui ! Les reptiles font partie du régime alimentaire du paon.
Ainsi, associer son image de marque à un paon, attribué au monde des dieux, c’est faire de son produit un nectar divin, un produit d’excellence ! D’ailleurs, non loin de l’Inde, au Sri-Lanka on raconte que comme le paon mange des serpents, il est conseillé de consommer sa viande pour guérir d’une morsure. Plutôt efficace comme raisonnement. Ici, avec ces récits et croyances, nous voyons peu à peu quelques sèmes se dégager : immortalité, splendeur, immunité…!

IMMORTALITÉ, DIVINITÉ, IMMUNITÉ

Partons maintenant dans des légendes davantage proches de nous qui le concernent car, depuis les Phéniciens de l’époque du roi Salomon qui rapportent les volatiles au Moyen Orient, le paon s’introduit peu à peu en Europe et nous pouvons le croiser un peu partout maintenant. C’est pourquoi il a fallu, à forces de mythes et légendes, l’intégrer dans notre imaginaire collectif. Ce n’est que 500 ans plus tard, à l’époque du roi Salomon que cet animal est introduit en Grèce où il devient, à Samos, l’oiseau consacré à Héra. Rome l’importe plus tard comme mets de grand luxe, car la chevalerie le tenait pour « noble oiseau » : la viande du paon était le principal plat des banquets solennels qu’on appelait le « voeu du paon » . C’est saint-Jérôme qui traduit le mot hébreu par PAVONES. Donc cap sur la Grèce ! Terreau fertile mythologique. Avant d’intervenir dans des mythes, il faut savoir qu’il est l’emblème d’Héra. Grâce à son plumage divin, ici aussi proche des dieux, il est promu au rang de la gloire divine. Pas si éloigné que ça de son statut chez les hindous.

Zoom sur son rôle de psychagogue

Comme le plaisir qui vous emmène au septième ciel, quand vous mettez une pâtisserie délicieuse dans votre bouche, le paon vous emmenait déjà dans l’éternité à l’époque romaine ! Voyons cela de plus près. Le psychagogue, est celui qui conduit les âmes vers l’éternité. Ainsi, pour figurer cela à la fois de façon réelle et symbolique, des oiseaux étaient choisis. Il était communément admis que l’aigle emportait l’âme du masculin et le paon, celui du féminin. De plus, le monde romain crut que le corps du paon, placé en des conditions favorables, se conservait de lui-même sans perdre sa forme. Incorruptibilité, il n’y a qu’un pas vers l’immortalité.
Comme nous l’avons vu dans cet article à de nombreuses reprises, le paon entretient beaucoup de liens avec le monde des dieux et ainsi avec la notion d’immortalité, car qui, sinon les dieux, est immortel? Ce sème est corroboré par une hypothèse qui voit le paon comme un reflet du phoenix ! Un autre oiseau splendide…mais mythique! Comme nous l’avons vu, la viande du paon est considérée comme imputrescible, c’est là qu’intervient l’effet miroir car le phoenix lui renaît de ses cendres et donc, lui aussi connaît l’imputrescibilité. Ainsi les deux oiseaux sont souvent associés. Globalement, le paon est souvent associé aux oiseaux mythiques, car il n’a rien à voir avec les autres oiseaux que nous connaissons. D’ailleurs Darwin le dit : le paon contredit toute la théorie de l’évolution ! Selon lui, il est invraisemblable qu’un oiseau de cette nature n’ait pas attiré tous les prédateurs.
En Egypte par exemple, il fait aussi partie des oiseaux sacrés, juste derrière l’ibis et le héron. De fait, le paon ressemblait aussi aux descriptions traditionnelles du phoenix.
Maintenant cap sur son rôle dans les différents récits mythologiques !
Le paon est lié à la mythologie de près puisque Argos, un prince du Péloponnèse, dont le nom signifie lumineux se distinguait par sa vision hors pair, ses 100 yeux. Cela ne vous rappellerait pas les ocelles du paon ? On le surnommait Panoptès ( celui qui voit tout ). Sa mission, donnée par Héra, fut celle de surveiller Io, une des amantes de Zeus qu’elle avait transformée en génisse. Mais Zeus, à son tour, demanda à Hermès d’endormir dans le sommeil de la mort Argos en lui jouant de la flûte de pan…
Ainsi, Héra, pour commémorer celui qui lui avait rendu service, mit les 100 yeux du prince sur la robe du paon. N’oublions pas qu’il s’agit de son emblème, le paon est très lié à l’épouse du roi des dieux. « Depuis lors, chaque fois que le paon fait la roue, Argos renaît, et ses cent yeux s’ouvrent à nouveau au monde » . De la même façon que chaque fois que l’on goûte les pâtisseries Pavone ce
sont nos papilles qui s’ouvrent à nouveau au monde ! Nous le voyons bien : un récit, une légende, des croyances, du folklore et le symbole se pare de mille facettes. En effet, suite à tous ces mythes, il n’est pas anodin qu’au Moyen Age, on regarde encore l’application du sang de paon sur les plaies comme un remède efficace contre la gangrène !  Dans les campagnes, on prétend que le paon ne voit jamais ses plaies s’enflammer, quelque blessure qu’il reçoive. Ça vous rappelle l’Égypte non ? Le feu, les flammes, les cendres, le phoenix…

Épinglé par Angélique sur Médiéval pattern | Enluminure, Enluminure moyen age, Paon dessinAu Moyen-Age, en témoignent certaines enluminures, on lui trouve une allure de serpent au niveau de la tête. Ici, petit clin d’oeil au Sri-Lanka ?

 

 

 

 

Chez les Celtes, le paon était l’insigne emblématique de la maison de Rennes, une des familles régnantes de Bretagne au 10-11eme siècle. En effet, on sait qu’un duc breton portait des plumes de paon sur son casque et que plus tard, la plume de paon
devient un motif de la broderie bigoudène.

D’abord indien, puis moyen-oriental et enfin grec et européen, le paon vient distiller ses motifs divins dans toutes les cultures! Et pour cause : il est devenu, fort de tous ces siècles de vénération et de mythes, un symbole assez universel d’élégance, de raffinement et d’excellence. Proche des dieux, il accompagne les projets les plus ambitieux et les produits d’exception. Ses plumes sont toujours utilisées dans des rituels visant à une connexion sacrée, comme sa viande a été consommée dans des configurations solennelles de voeux comme nous l’avons vu. Il orne les contours de la bompa, un vase rituel de communion tibétain. Il est aussi le symbole d’une dynastie birmane. Une danse cambodgienne porte son nom : il est invoquée lors de périodes de sécheresse : la mise à mort d’un paon est un appel à la pluie et ainsi à la fertilisation céleste : le paon préside aux éléments les plus essentiels. Ainsi, se parer du symbole du paon, notamment dans le domaine de l’alimentation, et mieux encore, d’alimentation premium réservée à ceux qui souhaitent des bons et beaux produits à la fois pour leur palais et pour leurs corps,
est loin d’être anodin. C’est se permettre d’accéder et de goûter à un niveau d’exigence dont le paon se porte garant, après tous ces siècles à être l’emblème des plus grands.